• Nous sommes toujours le 30 juin. Comme nous l'avons vu dans un chapitre précédent, hier le NON l'a emporté, avec 50,2%.

     

    Ce matin, on attendait avec beaucoup d'impatience une déclaration du Président de la République. Elle a eu lieu à 10 précises.

     

    Le porte-parole de l'Elysée a lu une courte déclaration, dans laquelle le Président de la République prenait acte du vote des Français et qu'en conséquence, il avait accepté la démission de M. Raffarin. Il nommait, dans la foulée, M. Fabius comme Premier Ministre.

     

    Les choses semblent aller très vite puisqu'à 11 heures, le Gouvernement était déjà constitué, avec notamment M. Emmanuelli aux Affaires Etrangères, M. De Villiers aux Finances, M. Chevènement à la défense nationale (en espérant qu'il n'y ait pas de nouvelle guerre qui le ferait démissionner), M. Besancenot à la fonction publique, M. Bové à l'Agriculture, M. Mordillot à la Culture et un nouveau venu, M. Etienne Chouart à l'Education Nationale.

     

    En parallèle de ça, des comités citoyens seront lancés dans les prochains jours, partout en France, pour réformer la Constitution Européenne et la rendre moins libérale. Ces comités seront animés par Mme Laguiller. Pressentant la victoire du Non, ces comités sont déjà  au travail depuis quelques semaines. Les premières remontées des Assemblées Locales Constituantes (ALC) donnent quelques tendances des fondements de cette Constitution :

     

    -         interdiction des délocalisations

    -         droit à l'avortement pour tous les Européens

    -         uniformisation du SMIC sur la base du SMIC Français (+10%) pour toute l'Europe

    -         uniformisation des droits sociaux dans toute l'Europe sur la base de ceux existants en France

    -         autorisation de chasser ce qu'on veut, quand on veut, là ou l'on veut (de notre ALC du Sud-Ouest). Idem pour la pêche.

    -         Maintien des subventions agricoles existantes (faut pas déconner, quand même)

    -         Liberté de circulation en Europe limitée pour 30 ans pour les nouveaux pays Européens (faut bien récompenser le NON d'extrême droite aussi)

    -         Destruction de l'Université de Lettres Modernes de Metz (demande ponctuelle, mais néanmoins prise en compte)

     

    Bien entendu, les comités continuent à travailler et devront faire émerger de nouvelles propositions, aussi crédibles que les premières.

     

    M. le Ministre des Affaires Etrangères, Henri Emmanuelli, avec le tact et la délicatesse qu'on lui connaît bien, devrait prendre contacts avec ses collègues des autres Etats pour négocier ces avancées indispensables. Gageons qu'il y arrivera facilement, tellement notre point de vue Français est clair et limpide.

     

    D'ailleurs, le vote de la France, qui était attendu avec tant d'angoisse par tous les peuples d'Europe (du Monde aussi), a provoqué hier soir un véritable électrochoc dans tous les pays Européens, quand aux dérives libérales de l'Europe actuelle.

    Toutes les chancelleries, de Varsovie à Lisbonne, en passant par Londres, ont commenté le fait qu'une fois de plus, les Frenchies avaient raison et que ce pays méritait bien d'être qualifié de nombril du monde. D'ailleurs, des manifestations de joie se sont spontanément organisées, dans toute l'Europe, quand la victoire du Non a été confirmée.

     

    Gageons que le travail d'explications et de pédagogie que nous allons avoir à effectuer envers tous ces peuples qui n'avaient rien compris, va se dérouler sous les meilleurs auspices.

     

    Bon. Elle vous a plu cette histoire ? Je vous en raconterai d'autres, pour vous endormir. Dormez bien.


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  • Fabius pour le changement Le numéro 2 du PS a affirmé à Châteauneuf-les-Martigues qu'une victoire du oui au référendum signifierait "un renforcement de la politique de M. Chirac et de M. Raffarin". "Si on veut une Europe différente, il faut commencer par dire non, il faut un changement", a déclaré Laurent Fabius lors d'un point de presse. "Sinon, on aura dans un premier temps, sur le plan intérieur, un renforcement de la politique de M. Chirac et de M. Raffarin", a-t-il poursuivi.
    "S'agissant de la Constitution, a-t-il ajouté, on aura un détricotage de la protection sociale, une augmentation des délocalisations et un élargissement qui va aller jusqu'à la Turquie, ce qui fait qu'il y aura une dilution totale de l'Europe. Est-ce que c'est cela que les Français veulent?"

     

    Commentaires :

    Aucun rapport entre le résultat de l'élection et la politique intérieure de Chirac et Raffarin. Aucun rapport entre délocalisations (la plupart des délocalisations se font en dehors de l'Europe) et Constitution. Et bien sur, aucun rapport avec la Turquie. Fabius nous avait habitué à plus de recul. Il est dommage de le voir rejoindre la cohorte des démagogues jouant sur les peurs.

    Emmanuelli : Breton l'alchimiste Le député socialiste des Landes a qualifié lundi, d'"alchimiste" le ministre des Finances, Thierry Breton, qui affirme que la délocalisation d'emplois hors de France et la désindustrialisation n'a "strictement rien à voir avec la Constitution européenne". Dans un communiqué, Henri Emmanuelli a écrit : "M. Thierry Breton n'est pas un ministre: c'est un alchimiste" car "avec du plomb, il fait de l'or". "Avec 30.000 emplois délocalisés, il fait 150.000 emplois en France", a-t-il ajouté en ironisant, "c'est à se demander pourquoi le chômage monte".

     

    Commentaires : idem, mais on peut s'attendre à tout vis à vis de celui qui comparait le vote Oui au vote des pleins pouvoirs de Pétain ou qui prétendait que la Constitution empècherait l'avortement en mettant en avant un article défendant le doit à la vie, article présent dans la déclaration des Droits de l'homme.

    Résister aux Etats-Unis Jean-Pierre Chevènement a affirmé lundi à Lille que la Constitution européenne ne permettrait pas à l'Europe de résister aux Etats-Unis, qui, estime-t-il, "menacent la paix". "Les peuples européens ont besoin de se saisir du débat européen (...) de s'affirmer dans le monde.
    Ils veulent la paix. Aujourd'hui ce qui menace la paix ce sont les Etats-Unis", a déclaré le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) au cours d'un déjeuner de presse en évoquant l'intervention de Washington en Irak.
    "Le problème de l'Europe c'est de résister aux Etats-Unis. Avec la Constitution non seulement les Européens ne résisteront pas mais ils seront prisonniers de l'Otan", a-t-il ajouté.

    Commentaires :

    C'est aussi un argument classique et infondé qui revient souvent, véhiculé cette fois par le célèbre ministre de la défense démissionnaire en pleine crise de Golfe. La Constitution n'implique absolument rien vis à vis de l'Otan. Aucun article ne permet de justifier cet argument.

     

    Les sondages actuels provoquent une fuite en avant dans la démagogie et le mensonge chez les supporters du Non. Les explications et démystifications commencent à porter leurs fruits.


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  • Dans le débat sur la Constitution, on parle très peu des coopérations renforcées. Pourtant, c'est un apport important de la Constitution Européenne.

    On a toujours déploré, dans les grandes étapes de la Construction Européenne, qu'un ou plusieurs pays puisse bloquer l'avancée des autres.

    Les coopérations renforcées sont destinées à palier cette insuffisance.

    Cela consiste à permettre à plusieurs Etats de se regrouper entre eux pour mettre en œuvre une politique commune sur un sujet relevant de compétence nationale.

    Cette possibilité avait été légèrement ouverte dans la cadre des traités d'Amsterdam et de Nice, mais la Constitution en définit clairement les règles.

    En premier, bien entendu, le domaine concerné ne peut pas faire partie du domaine de compétence exclusive de l'Union. Ensuite, il ne peut être opposé au droit de l'Union.

    Une coopération renforcée doit concerner au moins 1/3 des membres de l'Union. C'est le Conseil Européen (les chefs d'Etats) qui autorisent le lancement d'une coopération renforcée.

    Une disposition importante de cette organisation fait que seuls les membres de la coopération renforcée décident des orientations, même si l'ensemble des Etats de l'Union peuvent participer aux délibérations. Bien sur, un Etat n'en faisant pas partie peut rejoindre cette coopération plus tard, dans la mesure où il répond aux conditions d'entrée.

    Même si elles n'en ont pas le statut juridique, on peut estimer que l'Euro et l'espace Schengen constituent des coopérations renforcées, au moins dans l'esprit.

    On peut contester le principe de ces coopérations, sur l'argument qu'elles sont de nature à créer une Europe à deux vitesses. Par contre, de par les élargissements, le principe devient indispensable pour ne pas paralyser les avancées de l'Europe.

    Un apport de plus de la Constitution Européenne dans la construction de l'Europe.


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  • Ce matin, je me baladais sur le net, sur des sites favorables au Non (ben quoi, j'écoute tout le monde, moi), quand j'ai eu moment de stupéfaction.

    Je tombe sur un article décrivant un meeting organisés par les vertsquidisentnon. Il faut savoir qu'il y a les vertsquidisentoui et les vertsquidisentnon. Chez les verts, comme au PS d'ailleurs, il y a une coutume locale qui veut qu'on vote sur les sujets. Une fois que le vote est fait, on s'assoie joyeusement sur le résultat et chacun fait ce qu'il veut. Ca fait partie de leur culture, en somme.

    Bref ! Je m'éloigne su sujet. Chez les vertsquidisentnon, je vois le nom de quelqu'un pour qui j'avais une grande admiration, à l'époque : Pierre Larrouturou.

    C'était du temps de son combat sur « la semaine de 4 jours », bien avant les lois Aubry sur les 35 Heures. Il prônait une réduction drastique du temps de travail sous la forme d'une semaine de 4 jours de travail, mais avec diminution de salaire, lui (la diminution de salaire en pourcentage était décroissante en fonction du revenu, pour finir à une absence de diminution pour les bas salaires).

    J'avais dévoré son livre, j'étais allé à plusieurs de ses conférences, vraiment séduit que j'étais par un charisme à toute épreuve, un calme et une simplicité dans l'argumentaire.

    A tel point que j'avais milité. J'avais même pour la première fois collé des affiches dans tout l'Ouest Bordelais aux Européennes pour l'U4J (Union pour la semaine de 4 jours). Tu te rappelles, Pierre, la branlée qu'on s'est prise ? 1%.. La semaine de 4 jours était déjà une douce utopie, peu en rapport avec les attentes des Français. Peu étaient prés à perdre de l'argent contre une diminution du temps de travail, on l'a constaté plus tard.

    Après, je l'ai un peu perdu de vue. J'ai juste su qu'il était au PS (psquiditnon), très investi au niveau de l'aide aux chômeurs et aux précaires et qu'il n'avait pas réuni les 500 signatures pour se présenter aux Présidentielles.

    Quand je l'ai vu chez les Nonnon, j'espérais vraiment de nouvelles idées, une nouvelle parution, des argumentaires convaincants, des bonnes raisons de voter Non...

    Patatras..  Le même vide.. Les mêmes utopies. « Nous demandons, rien de moins, une Constitution qui établisse un système parlementaire devant le Parlement Européen, et un traité social qui change les règles du jeu, en terme de monnaie et de fiscalité notamment ». Et en attendant, on refuse tout. Et surtout, pas d'inquiétude..  La victoire du non va bloquer les choses pendant 6 mois, tout au plus, avant de créer un choc salutaire qui va permettre de partir sur les bases d'une nouvelle Europe. Et on ré-engagera de nouvelles négociations. Ben voyons..

    Pierre, ce n'est pas sur ce genre d'utopies que l'on avance. Je te suis pas, sur ce coup là, parce que là, tu te plantes complètement.

     


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  • Bon ! Un peu de sérieux, maintenant.

     

    Il est relativement facile d'analyser les motivations du Oui. Elles sont assez homogènes.

    -         Je ne veux pas affaiblir la place de la France</personname /> dans l'Europe.

    -         Je ne veux pas ralentir la Construction</personname /> Européenne</personname />,

    -         je veux inscrire dans le marbre d'une Constitution toutes les valeurs humanistes de l'Europe.

    -         Même si ça ne va pas assez loin, je veux prendre tous les aspects sociaux contenus dans la Constitution.</personname /> 

     

    En ce qui concerne le NON, c'est beaucoup plus compliqué. Analysons quelques motivations du NON.

     

    -         le vote des souverainistes : ce sont ceux qui, depuis le début de la Construction</personname /> Européenne</personname />, luttent contre les avancées de l'Europe. Chaque fois qu'ils ont eu la parole, ils se sont arque boutés sur l'existant. Chaque fois, ils ont perdu. Mais ces batailles Européennes leur donnent l'impression d'exister. Ils sont pour l'Europe, vous diront-ils, mais une Europe des Nations (ce qui ne veut strictement rien dire). On trouve là-dedans, Le Pen, De Villiers, Chevènement.  On peut leur reprocher plein de choses, à ces joyeux Super-Duponts, mais leur vote est cohérent, logique.

     

    -         l'extrême gauche, pour qui tout bouleversement de ce type nous rapproche du Grand Soir, s'inscrit dans une logique de déstabilisation. Cohérents aussi, et avec l'immense facilité de ceux à qui on ne demandera jamais de re-construire. Ils sont rejoints par le PC, et ses troupes fidèles et dociles, qui cherche là avant tout un moyen d'exister.

     

    -         le NON protestataire : Je ne suis pas bien. On ne s'occupe pas bien de moi. Y faudrait plus de budget. J'en bave. Donc, je vote Non un peu pour me venger, pour qu'on m'écoute. Dans le même registre, on trouve : j'en ai marre de Raffarin, Chirac, les deux (biffer les mentions inutiles). Bon, on peut leur expliquer à ces gens-là, qu'ils se trompent de dates, que ce n'est pas la question qu'on leur pose. Pour la plupart, cela ne servira à rien. Le fait de voter NON va avoir un effet anesthésiant sur leurs blessures, souvent réelles, double effet Kispool, qui va leur faire un bien fou deux fois cinq minutes, une fois au moment de voter et une fois à 20 heures. Bon, après, les problèmes resteront présents mais ravis qu'ils sont de la nique qu'ils ont fait au Gouvernement, aux social traîtres,  à Bolkenstein (qui s'en tape le coquillard), à leur patron, à leur voisin à pognon qui vote Oui, etc..  Cinq minutes de bonheur, cela n'a pas de prix.

     

    Et puis insidieux, très présents dans les forum, véhiculé par les gourous d'occasion (on peut être gourou en 5 mn, sur le net), l'idée comme quoi la Constitution</personname />, c'est pas bon et trop libéral, et que après, on va tous se réunir et la refaire ensemble, cette Constitution, dans une démarche purement citoyenne (je cite). C'est très bobo, tout ça, très nouvelle gauche qui a compris. (ce sont à priori les mêmes qui votaient Arlette parce que c'est hyper tendance et qui après, sont allés se faire des ampoules à défiler contre le FN).

     

    Et bien ça, c'est une escroquerie...

     

    Certes, on peut rêver que le 29 mai au soir, ce sera le Grand Soir (on va exceptionnellement éviter de pendre les patrons par les boyaux parce qu'il y aura du boulot – désolé culture Guignols) et qu'on va en Assemblée Générale réécrire la Constitution</personname /> en passant par-dessus la tête la représentation nationale (vous savez, ceux pour qui on vote).

     

    Il se trouve que tous les partis traditionnels en charge des affaires ou susceptibles de le devenir portent le Oui et que le Non n'est porté que par des hommes (ou femmes) à qui on n'a aucun risque de confier les clés de la maison (ils n'en voudraient pas d'ailleurs).

     

    Les gourous en question se réjouissent du fait que nous ne serions plus les seuls à vouloir dire Non. Notamment les Anglais et les Hollandais. Certes, mais leurs motivations sont différentes, eux. Pour eux, cette Constitution ne permet pas assez la libre entreprise, elle impose trop de carcans. Elle n'est pas assez libérale, en somme, pour ceux qui n'ont pas suivi.

     

    Alors, avec qui on va négocier ? Personne... Parce qu'on ne négocie pas sur des démarches abstraites et non fondées, parce qu'on ne négocie pas sans la culture du compromis. Et la Constitution</personname /> Européenne</personname />, c'est un compromis. Et un compromis, cela ne peut pas plaire complètement à tout le monde. Et qu'en fait, ça ne plait complètement à personne. Mais c'est comme ça qu'on avance. Ensembles..

     

    Et on continuera à vivre sur les règles de fonctionnement actuelles, ou le Marché fait la loi. Parce qu'il ne vote pas, le Marché, lui, il avance. D'ailleurs, s'il pouvait voter, il voterait sûrement Non, à la réflexion, de peur que ces composantes sociales, certes insuffisantes, ne le gène dans ses opérations financières.

     

    Le vote Oui, au contraire, permet d'avancer sur le chemin, permet une alternative politique pour faire une Europe différente car il donne plus de pouvoirs au Parlement, donc aux élus. C'est à l'intérieur d'un système qu'on parvient à le faire évoluer, pas à l'extérieur.

     

    Le seul vote libéral, c'est le vote NON

     


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