• Madame Barbe Bleue : Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?

     

    Anne : Non, je ne vois que l'herbe qui verdoie et le soleil qui poudroie..

     

    Madame Barbe Bleue : Anne, ma sœur Anne, regarde mieux. C'est pas normal..

     

    Anne : Non, je t'assure. Herbe verdoie, soleil poudroie, c'est tout...

     

    Madame Barbe Bleue : Mais ce n'est pas possible. J'ai voté NON Dimanche. On m'a promis, le Grand Soir au Château, la fin des délocalisations, un royaume plus social, une renégociation immédiate avec les Anglois, les Germains et les Vikings.... Tu dois bien voir quelque chose...

     

    Anne : Non..  rien du tout..  Ah si, excusez-moi. J'aperçois le chevalier Galouzeau de Villepin et son fidèle écuyer le petit Nicolas..

     

    Madame Barbe Bleue : Ah...  Je le voyais pas comme ça, le Grand Soir..

     


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  • Les Français ont rejeté, à une majorité indiscutable, le projet de traité Constitutionnel. On peut le regretter, comme moi, mais c'est comme ça.

     

    Que risque-t-il de se passer demain ? Malheureusement : RIEN.

     

    Sur le plan intérieur, il est probable qu'il y ait un changement de Gouvernement. Je ne pense pas qu'il amène un changement de politique. Nous avons élu en 2002, dans les conditions que l'on sait, un gouvernement de droite, et ceci, pour 5 Ans. Nous continuerons donc à subir la même politique jusqu'en 2007, où de par la prédominance de l'élection Présidentielle devant les législatives, je me garderais bien de faire le moindre pronostic.

    Il est amusant d'ailleurs, on s'amuse comme on peut ce soir, de voir le petit Nicolas avoir bien compris que le message des Français correspondait une nouvelle politique, plus ouverte, moins à cheval sur le Code du Travail, plus souple pour diminuer le chômage. IL retombera toujours sur ses pieds et ce Non va lui ouvrir un boulevard.

     

     Coté du PS, là, j'avoue que j'ai du mal à faire un pronostic. Peut être que nous aurons droit bientôt à une « Nuit des Petits Couteaux », mais je n'y crois guère. On va s'en mettre une bonne au prochain Congrès à l'automne, mais on trouvera bien une motion qui rassemble tout le monde. Et tout le monde reviendra dans le rang, autour d'un objectif qui sera vraiment de gauche, du moins tant qu'ils seront dans l'opposition, parce qu'une fois, au pouvoir, ma foi, les faits sont terriblement têtus et les contraintes économiques fortes. Mais on a le droit de dire des bêtises quand on est dans l'opposition.

     

    Sur le Plan Européen, je pense qu'il ne se passe pas grand chose. Il est probable que les Hollandais disent Non, non pas pour une Europe plus sociale, mais eux, plutôt, dans une optique plus souverainiste avec de forts relents d'extrême droite. Je n'ai pas la conviction qu'ils vont nous aider beaucoup pour une hypothétique renégociation.

     

    Le processus de ratification va continuer. Il ne sera pas interrompu par le Non Français. On verra au final combien de pays le refuseront. Si 20 d'entre eux le ratifient, le texte nous sera représenté, d'une manière ou d'une autre, et j'ai dans l'idée que le ton sera un peu plus dramatique. Dans ce cas, il n'y aura bien sur, aucune renégociation, dans ce cas. S'il y a d'avantage de pays qui le rejettent, on verra si on part vers un nouveau ring de négociation. Ca me paraît peu probable.

     

    En tout cas pour l'instant, les traités antérieurs, tout aussi irrévocables que la Constitution, puisqu'ils nécessitent l'unanimité pour les modifier, continuent à s'appliquer. Il en est ainsi de la 3e Partie de la Constitution, la partie la plus décriée.

     

    Le Traité de Nice continue à s'appliquer, avec ses nombreuses carences, mais ça continuera à marchoter. Evidemment, n'en déplaise à Chevènement et ses fantasmes, Maastricht continue à s'appliquer également et l'indépendance de la Banque Centrale continue à être de mise.

     

    L'Europe était construite sur un modèle purement économique. Ca va continuer, de fait. La seule occasion perdue, c'est la possibilité de donner une connotation politique à l'Europe. C'est dommage, mais c'est ainsi. Les marchés vont se porter bien demain, à mon avis. Je ne serais pas surpris que la Bourse ouvre en hausse.

     

    Pour ceux qui m'ont fait l'amitié de suivre ce blog et de le commenter régulièrement, je dirai que ce n'est pas parce que l'on est minoritaire que l'on a tort.

    La Construction Européenne subit un soir un mauvais coup, sous la pression de la démagogie et du populisme. Elle n'en sera pas tuée et elle en sortira grandie. Le combat continue.

     

    Message personnel : Frérot, tu as déconné grave...

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  • Tiens ! On reparle du plan B, ces jour-ci..  J'avais posté sur le sujet, il y a quelques temps. Le plan B serait un plan de repli en cas de vote Non d'un ou plusieurs pays.

     

    Delors a eu un mot maladroit sur le sujet il y a quelques jours en imaginant qu'il y ait de prévu un plan B. Tous les tenants du Non, en panne d'arguments en cette fin de campagne,  se sont précipités sur l'argument sur le thème : « lui, il s'y connaît en Europe. On est certains maintenant qu'il y a un plan B. Vous pouvez votez Non sans risque. Tout sera renégocié ».

     

    Même Fabius, socialiste corrigé des variations saisonnières, nous l'a déclaré chez Karl Zéro, tout à l'heure. Il y a forcément un plan B. Il faut dire que la position de Fabius est très inconfortable : c'est le seul qui, dans les défenseurs du Non, pourrait représenter une alternative de Gouvernement crédible, au moins dans son esprit. Les autres, extrême gauche, PC, Attac et compagnie, peuvent toujours jouer l'air du réveil probable des peuples européens dés le vote Non des Français, et la Grande Marche contre le libéralisme. Ils prennent relativement peu de risques. Personne ne va leur demander d'aller l'appliquer. Fabius, c'est plus embétant. S'il s'avérait que son scénario de renégociation pour une Europe plus sociale s'avérait être une utopie, il pourrait être qualifié d'aventuriste, et d'avoir pénalisé la Construction Européenne au profit d'une ambition personnelle. Sarkozy, c'est pareil, sauf que c'est plus discret. (Un deuxième tout : Sarkozy – Fabius, mon angoisse pour 2007 !).

     

    Alors Plan B ou pas Plan B ? Bien sur qu'il y a un plan B. Cela ne doit échapper à personne. On n'imagine absolument pas que  la Construction Européenne s'arrête simplement sur un rejet d'humeur d'une ou deux nations. N'en déplaise aux souverainistes,  l'aventure va continuer car elle va dans le sens de l'histoire et on ne l'arrêtera pas.

     

    Delors ne dit pas autre chose, quand il dit que des plans sont prévus dans ce sens.

     

    Là où l'escroquerie est manifeste, c'est quand on associe l'idée d'un plan B avec une renégociation pour un mieux disant social.

     

    Le traité précise qu'en cas d'acceptation du traité par 20 pays sur 25, et tout permet de penser que l'on y arrivera, le Conseil de l'Europe se re-saisit du dossier dans un délai de deux ans. Cela veut clairement dire que le processus de ratification continuera jusqu'à ce que toutes les nations ait été consultées. Après, il conviendra de permettre aux nations n'ayant pas ratifié de sortir la tête haute, au mieux avec des modifications mineures du texte.

     

    Car qui peut imaginer que le traité soit considérablement remanié, à l'issue du processus de ratification, alors que la plupart des nations l'auront ratifié et sous prétexte que trois pays (au plus), fussent-ils aussi importants que la France et la Grande Bretagne ne l'ont pas fait ? Personne de sensé et d'honnête à la fois.

     

    D'autant plus que, pour engager des négociations, si on trouvait des partenaires pour le faire, il conviendrait de savoir sur quel mandat. Les tenants de ce qu'on appelle le Non de gauche n'ont pas plus de légitimité que le vote Non souverainiste.

     

    Il y aura probablement un plan B qui, sous la forme d'un traité qui lui ne sera certainement pas soumis à un référendum, qui améliorera, sur l'aspect fonctionnement des institutions, les carences issues du Traité de Nice, qui créera sans doute le Président et le ministre des Affaires Etrangères, qui répartira les domaines entre règles de majorité qualifiée et unanimité de la même façon que l'aurait fait la Constitution.

     

    La troisième partie de la Constitution, celle dont se servent allègrement ses adversaires pour la dénoncer, restera applicable, puisqu'elle constitue une compilation des traités antérieurs (pour répondre au faux argument de l'aspect coulé dans le bronze de la Constitution, il n'y a aucune différence entre actuellement et après ratification de la Constitution). Par contre, les composantes sociales, les valeurs constitutives de l'Union et les droits fondamentaux ne seront pas inscrits pour longtemps.

     

    Oui, il y a un Plan B. Mais est-il forcément meilleur que le Plan A ?

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  • Dans les débats actuels, un thème revient fréquemment : fallait-il vraiment faire approuver la Constitution</personname /> par référendum ?

    La question mérite d'être posée. Elle est posée, à juste titre d'ailleurs, par les partisans du Non, sur le thème : « si c'est si grave que ça que les Français votent Non, pourquoi leur a-t-on posé la question ? ». Et là, je ne sais pas quoi répondre. Je sèche...

     

    Il peut sembler sain, au premier abord, que de faire approuver une Constitution, fusse-t-elle Européenne, par le peuple. A priori, une Constitution, ça engage et le fait d'imposer pourrait accroître le déficit de démocratie dont beaucoup se plaignent.

     

    Seulement, nous avons, nous Français, la désagréable habitude de ne pas répondre aux questions que l'on nous pose. Cela tient de notre héritage Gaullien où  l'on nous a habitué, quelle que soit la question posée, à répondre en fonction de notre amour ou désamour envers le pouvoir en place. Ce qui pourrait donner :

    -         approuves tu cette Constitution Européenne ?

    -         Non, je n'aime pas Raffarin

    C'est fâcheux, cette tendance, mais c'est dans nos gènes. Certains pays, comme la Suisse</personname /> maîtrisent parfaitement la pratique du référendum, et eux répondent aux questions posées.

     

    En plus de cela, tout le monde le sait, elle est compliquée, cette Constitution. Peu d'entre nous sont capables d'en comprendre toutes les subtilités. Elle est très technique. Il est vraiment difficile de se positionner sur le fond. Entre ce que la Constitution</personname /> ajoute, ce qu'elle change, ce qu'elle confirme (et donc qui ne bougera pas en cas de Non), comment voulez-vous que le citoyen normalement constitué puisse se faire une opinion par lui-même ? C'est une affaire de spécialiste. Et pourtant, quand on considère le succès commercial des ouvrages présentant et expliquant la Constitution</personname />, on constate que la volonté de comprendre est énorme de la part de nos concitoyens. Ils en seront réduits, pour la plupart, à se faire idée en fonction de l'opinion qu'ils se font de tel défenseur du Oui ou de tel défenseur du Non.  Où alors, ils ne répondront pas à la question (voir plus haut).

     

    Autre argument plaidant en défaveur du référendum, est celui du mode même de la construction Européenne. Depuis le Traité de Rome, L'Europe s'est toujours faite, par traités successifs, en avançant toujours dans le même sens, à un rythme pouvant sembler très lent. On pourrait comparer ça à un LEGO qu'on assemble brique par brique. On monte le LEGO, et de temps en temps, à la faveur de la pose d'une brique un peu plus grosse que les autres, on demande :

    -         au fait, est-ce que vous êtes d'accord avec la brique ?

    -         avec l'ouvrage, vous voulez dire ?

    -         non, juste la brique

    -         et si je ne suis pas d'accord avec la brique

    -         ça fait rien, on laissera l'ouvrage dans l'état dans lequel il était avant la brique. Mais ça sera de votre faute si l'ouvrage n'est pas beau

    -         mais on ne m'a jamais demandé mon avis sur l'ouvrage ?

    -         ce n'est pas la question

    -         (débat sans fin)

    Les deux briques pour lesquelles on a demandé un avis aux Français sont Maastricht et la Constitution.</personname /> Difficile</personname /> de mobiliser pour un projet Européen.

     

    Un argument qui ne devrait pas compter, mais qui compte pour moi quand même, c'est que chaque débat de ce type exhume des personnages démagogues, sortis tout droit de l'anonymat que les urnes leurs réservent d'habitude, pour surfer sur des mécontentements et des frustrations afin de croire un moment qu'ils représentent tous une partie importante de l'électorat. Je ne les cite pas. Je l'ai assez fait dans d'autres posts. Ne tenez pas compte de l'argument.

     

    Nous sommes dans une démocratie représentative. C'est-à-dire que nous votons pour des élus qui nous représentent. Nous avons le droit d'en changer quand ils ne nous conviennent pas. Et je ne crois pas, mais alors pas du tout, à  l'éternel refrain trotsko-poujado-bobo je ne sais plus quoi en O, qui dit « ils sont tous semblables, ils sont tous pourris, ils nous représentent pas, etc.. »

    Concernant l'Europe, un référendum devrait porter sur l'idée Européenne elle-même, par opposition au souverainisme. Au-delà de ça, les détails techniques pour y arriver sont d'avantage de la responsabilité de notre représentation populaire. Et ce n'est pas faire preuve de mépris pour le peuple que de penser qu'il n'est pas forcément à même de répondre avec lucidité à  toutes les questions.

     

    Pour l'ensemble de ces raisons, je continue à penser, comme je le pensais quand le Oui était à 70%, il y a quelques mois, que confier une avancée importante de la construction européenne à un référendum, surtout dans une période d'usure forte du pouvoir en place, revient, pour notre Grand Timonier, à se tirer de nouveau une balle dans le pied, ainsi que dans le pied de l'Europe.

     


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